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Designer-scénographe le jour, je consacrais mes heures nocturnes à dessiner et coudre des vêtements en dilettante. La nécessité de m’orienter vers un travail plus personnel, de concevoir avec mes mains, s’est doucement imposée à moi : je décide alors de lancer Les Petites Tailleuses, une marque de vêtements et de patrons de couture qui allie ma passion pour la création et mon engagement en faveur d’une économie plus vertueuse.
Cette passion du vêtement et des matières textiles m’habite depuis l’enfance.
Jeune couturière et modéliste, ma mère quitte sa Chine natale pour s’installer à Paris. Elle intègre un atelier de couture où elle travaille sans relâche, aiguise son œil et ses mains, jusqu’à devenir Première d’atelier. Pendant son temps libre, elle arpente la capitale à la recherche de matières nobles et naturelles, et s’amuse, dans notre petit appartement-atelier, à décliner les coupes de ses vêtements pour en faire des versions miniatures et les adapter à ma morphologie. Ce qui m’amènera, des années plus tard, à coudre mes propres vêtements…
Ce nom a été choisi en hommage à ma mère, et en référence à l’œuvre littéraire sino-française « Balzac et la Petite Tailleuse chinoise » de Dai SiJie.
Ce récit autobiographique, qui se déroule dans la Chine des années 70, retrace l’histoire de deux étudiants envoyés en rééducation dans des provinces reculées. Ils y rencontrent la petite tailleuse chinoise ; un personnage qui présente de nombreuses similitudes avec ma mère, elle aussi couturière sous la Révolution culturelle, et éprise du même désir de liberté.
À la différence de la petite tailleuse, ce ne sont pas les livres mais des films français qui ont éveillé en elle son désir d’indépendance, et plus tard, celui de se rendre à Paris. Pour la petite anecdote, ces films ont aussi nourri son imagination : c’est par ses vêtements mêlant influences chinoises et occidentales qu’elle se distingue dans un pays marqué par l’austérité et le conformisme, et qu’elle fait chavirer les cœurs par la même occasion…
Les Petites Tailleuses repose naturellement sur le principe du surcyclage (ou upcycling) : le réemploi et la valorisation des ressources existantes constituent le fil rouge du projet.
Les vêtements sont uniquement produits à la commande, en édition (très) limitée, dans mon atelier parisien. Ils sont réalisés à la main, à partir de ressources existantes : du tissu aux boutons, en passant par les fils de couture et les outils utilisés. Les tissus sont issus de fins de rouleaux, récupérés auprès de maisons de haute-couture, d’ateliers et de designers indépendants, ou issus de ma collection personnelle : ces étoffes « vintage » ont été précieusement conservées par ma mère au fil du temps, ou chinés au gré de mes voyages.
Les découpes sont aussi régulièrement repensées et optimisées — du dessin au prototypage jusqu’au montage du vêtement — avec pour objectif, sur le long terme, d’imaginer des techniques de coupe zéro-déchet.